Le sentier de l’impératrice

Le sentier de l’impératrice

15 mai 2019 Non Par Jérémie

Vous vous souvenez de Gravity Falls ? la raison pour laquelle j’ai eu l’envie de retourner dans les Pyrénées en 2016 ? C’est cet endroit qui m’a évoqué ce souvenir. Le sentier de l’impératrice.

En contrebas, le parking où j’ai passé la nuit…

Réputé comme très facile car sa pente était extrêmement faible, il me semblait être un parfait contrepoids à la randonnée d’hier. Une fois encore, j’avais devant moi un temps magnifique sublimé par les couleurs du printemps. Ayant dormi sur le parking du site, je ne me pressais pas trop pour démarrer et passait le tout début de matinée à lire et à raconter mes aventures sur mes différentes messageries.

Une fois de plus, on n’arrive pas à se rendre compte de la taille du site. C’est gigantesque te je me sentais minuscule.

Je partais vers 10h30 en décidant d’utiliser principalement mon téléphone, voulant garder un maximum de mobilité, encore fourbu par les efforts de la veille. Bêtement, à l’écriture de cet article, je me rends compte que j’aurais du partir au petit matin pour bénéficier de la lumière dorée qui rend les clichés si nostalgiques. Je ratais par la même occasion d’avoir une ambiance proche de celle du dessin animé, mais tant pis, le soleil passant entre les sapins remplissant les pentes était déjà plus qu’une consolation.

Torrent croisé au début du sentier.

Une fois engagé sur le chemin, je confirmais que oui, effectivement, ce sentier était de plusieurs ordres de magnitude plus facile que celui de la veille. Pas de marches de rochers gigantesques, une pente vraiment douce au point que je me demandais comment j’arrivais à m’élever au fil des minutes…

On peut voir au loin une des stations de ski.

La lumière printanière donnait un aspect vivant et lumineux aux arbres et tout était paré de couleurs extrêmement vives. La forêt avait un aspect très léger que je mettais sur le fait que les feuilles devaient encore être jeunes.

Entrée du sentier.

Peut-être que ce n’était pas exactement comme les forêts de l’Oregon de Gravity Falls, mais ça restait quand même le plus proche de ce que j’aurais pu trouver en France. Je ne regrette pas d’avoir attendu aussi longtemps avant de revenir ici, j’appréciais énormément de redécouvrir le site. Et d’actualiser mes souvenirs.

Pour donner les distances, c’est la station de ski qu’on voit dans le fond.

Il y a d’ailleurs un énorme paradoxe derrière ce voyage. Si les distances me semblent plus courtes, les villes plus petites, la montagne, elle me semble encore plus grande et majestueuse. Est-ce la nostalgie ? Le fait d’avoir fait n’importe quoi hier et d’avoir pris conscience que ça pouvait être dangereux ? La curiosité plus grande encore qu’autrefois ? C’était une sensation intéressante…

Plusieurs fois, le sentier passait au dessus de pentes presque verticales.

Je progressais assez vite sur le sentier et j’arrivais face un terrible dilemme…

J’espère que certaines personnes randonneront en Oregon pour me dire si ça ressemble ou non…

Un autre névé. Pas aussi dangereux, mais un névé quand même.

Un névé. Immense. Pour donner l’échelle le symbole « 30 » est à hauteur de tête d’une personne normale.

Après de nombreuses minutes de réflexion et même si le danger était presque inexistant contrairement à hier, je décidais de rebrousser chemin, ne voulant pas prendre de risque inconsidéré, surtout après avoir promis à trois personnes différentes d’être plus prudent… D’autant que même si la pente était plus douce, non terminée par un ravin, glisser m’aurait amené vers le fond de la vallée à un endroit où je ne pense pas que j’aurais trouvé un chemin facilement…

Je retournais sur mes pas, franchissant la seule partie un peu dangereuse du chemin, un fin amas de pierres glissantes au milieu d’une petite cascade descendant dans le vide…

C’est ce que je recherchais au niveau des forêts…

… Et je survivais. Je pense avoir était inutilement prudent, mais rien ne m’empêchera de revenir, soit mieux équipé, soit en été où le névé aurait disparu…

Des sommets encore bien enneigés au printemps !

Je repartais donc entre les arbres et la montagne en repensant à ma chute au lac d’Espingo, certain d’avoir fait le bon choix. Mais un petit peu amer de ne pas avoir été jusqu’au cirque qui devait être magnifique car certainement encore couronné de neige…

Et Bill Cipher dans tout ça ?

Et je réfléchissais aussi… C’est un dessin animé qui m’a fait faire ce voyage. Alors, était-ce juste un prétexte ? Peut-être maintenant, au vu de tout ce qui s’était passé ce dernier mois, mais en 2016, je voyais vraiment ça comme une alternative à aller visiter l’Oregon…

Un autre versant de la montagne.

Ce qui ne veut pas dire que je ne visiterai pas l’Oregon. Entre Gravity Falls ou Life is Strange, les paysages de cette région des états unis m’attirent. Je pense que je profiterai de vivre et travailler en Suisse pour planifier ce voyage. Plus tard.

En revenant vers mon point de départ.

Mes pas m’avaient amené au travers de mes pensées et du chemin. Je voyais à nouveau l’espace dégagé où coulait le torrent. Je m’arrêtais quelques minutes pour faire des expériences, jouer dans l’eau et profiter du paysage.

Scène de carte postale !

Il y a tellement de choses qui changent autour de moi. Si j’ai pensé pendant des années que le monde extérieur n’avait que peu d’intérêt, j’ai appris en quelques mois à réviser ce que j’imaginais. Je dirais même que ces deux dernières années, je n’ai jamais autant été tourné vers le réel que maintenant.

Essais en exposition très courte pour figer l’eau dans son mouvement. Pas très visible sur la version « article » de l’image…

Je découvre de nouvelles choses tous les jours, rien de neuf là dessus. La différence, c’est que c’est tout un pan de la réalité qui commence à s’ouvrir à moi, à devenir accessible. C’est parfois irréel et j’ai des difficultés à réaliser que je suis bien l’acteur de l’histoire qui se déroule devant moi. Peut-être est-ce plus simple que d’admettre ma responsabilité dans mes progrès…

Si une personne était sur la crête, ça ,e ferait même pas un point sur l’image.

Mais après tout, pourquoi pas. Pourquoi ne pas accepter que j’ai le droit d’exister dans cette réalité ?

Presque rentré au parking…

J’ai eu raison de partir. J’ai eu raison de faire tout ce que j’ai fait depuis 2017. Ma vie a changé. Je reste le même, mais tout semble plus grand, aujourd’hui…