Åttentiøn åux élåns !
Parce que l’air de rien, un élan, c’est une sorte de cheval géant bodybuildé avec des bois. J’ai arrêté de compter les panneaux mettant en garde contre les passages de ce genre de bêtes depuis mon arrivée en Norvège, mais passons…
Car oui, je continue ma remontée du pays. C’est extrêmement compliqué de retranscrire un émerveillement permanent pour des décors dont les formes, couleurs, tailles changent au moindre tournant. C’est encore plus difficile lorsqu’on assiste à ce spectacle pendant plusieurs milliers de kilomètres et que l’environnement « keeps delivering ».
En parlant d’anglais, une parenthèse et une réflexion que j’ai eu avec plusieurs personnes : il n’y a qu’en France que c’est une marque de « fierté », j’ai l’impression que beaucoup de personne dans notre pays semblent complètement perdre de vue à quel point cette langue est utile et ouvre d’immenses horizons. J’y reviendrai plus tard.
Bref, je profite d’être vers le haut de la Norvège et d’attendre une éclaircie pour rédiger cet article et traiter mes photos, tâche qui me prend plusieurs heures, entre le processus de sélection, le développement et la mise en place de tout ça. Mais ça m’amuse beaucoup et ça me fait plaisir que vous soyez tant à me lire maintenant !
Dans le dernier épisode, je récupérais après un passage éclair à Bergen une liste de lieux à voir absolument. Je décidais de commencer par Senja, à moins d’une heure de route de la ville.
C’est un ensemble de petites îles aux couleurs incroyables et qui hébergent pour certaines des maisons qui me semblent plutôt être luxueuses, par leur agencement, leur taille et leurs emplacements.
Il y a autant de petits ponts étroits les reliant les unes aux autres et les lieux semblent peu fréquentés. La plupart des habitations possèdent un petit port privatif ou au moins un hangar à bateau, ce qui est plutôt pratique vu la géographie des environs…
Même si j’aurais apprécié de voir le paysage sous le soleil, c’était très amusant de voyager d’île en île jusqu’à atteindre le bout 🙂
Je reprenais ensuite la route ver le « centre » du pays et croisait des décors qui une fois de plus m’évoquaient tantôt Skyrim, the Witcher ou encore Alan Wake. Ajouté à ça, l’impression parfois d’être dans une publicité pour pneus ou voiture…
Je pensais remonter la Norvège plus rapidement, mais je n’avais pas prévu que je m’arrêterai aussi souvent pour me promener, explorer, prendre des photos, emprunter un chemin ou une piste « pour voir » ou simplement rester à contempler le décor…
J’ai suivi la E39 qui a la particularité d’intégrer un passage sans route. Comprendre par là qu’il fallait prendre le bateau. J’arrivais à une heure assez tardive avec un mélange d’excitation et de curiosité et avait la chance de faire la traversée dans un bâtiment quasiment désert, les autres personnes n’ayant pas eu envie de descendre de leurs véhicules…
J’en profitais pour explorer le bateau dans tous les endroits où j’étais autorisé à aller…
Un truc qui m’a surpris, c’est à quel point la nuit est tombée de façon brutale sans trop que j’y fasse attention. Le temps de flâner un peu dans les coursives du bateau et c’était une nuit noire qui régnait dehors.
Le lendemain, après avoir vu des endroits divers et impressionnants, j’arrivais dans un gigantesque défilé coupé en deux par une rivière aux eaux vertes-bleu émeraude. C’est là que je me retrouve dans la situation habituelle : une incapacité totale à rendre compte de l’aspect massif du décor.
Après un moment, je continuais vers Olden, une petite ville nichée au fond d’un très long fjord.
Si la grisaille aurait pu être déprimante dans d’autres lieux, les jeux des nuages arrachés par les sommets et les flancs des fjords offraient un spectacle très intéressant et des décors mouvants.
Et ça en valait la peine ! La météo changeait sous mes yeux et au fil des heures, les sommets et les glaciers se révélaient à moi !
C’est d’ailleurs pendant que je faisais mes habituels réglages d’appareil qu’une gamine de 8-12 ans est venue m’interroger sur ce que je photographiais. Au départ dans sa langue pour immédiatement basculer sur un excellent anglais lorsque je lui répondais dans cette langue… Je pense qu’il faudrait vraiment qu’on revoit notre rapport aux langues étrangères et ne plus les enseigner comme un outil de sélection, mais comme un outil…
De la même façon que lors de mes arrêts précédents, j’en profitais pour me promener un peu et découvrir le coin. Essayer de photographier des plantes, regarder couler une cascade, bouger les nuages, prendre mon temps…
Je passais une bonne nuit et me réveillait très tôt, en profitant pour me rendre dans la ville d’Olden. Si je me réservais la randonnée vers la cascade pour plus tard, je ne manquais pas d’apprécier l’impressionnant torrent issu de celle-ci, avec ses bleus glacier et ses blancs profonds !
L’heure étant très matinale, je pouvais aussi observer les jeux des brumes et des reflets sur le fjord.
C’est la tête remplie d’images que je me dirigeais ensuite vers un sommet dominant le plus haut fjord d’Europe…
Au sommet, la vue en valait la peine ! Toute la vallée s’offrait à moi et j’apercevais au loin des sortes de petits bateaux qui s’avérèrent ensuite être légèrement plus grands que ce que j’imaginais…
Je remontais ensuite une longue route en lacets très serrés pour arriver à un belvédère surplombant le fjord. La vue et les couleurs étaient à couper le souffle !
Je prenais ensuite avec un enthousiasme non dissimulé le bac pour une traversée très courte…
Ce passage avait un but, me rendre vers l’un des cols les plus vertigineux de Norvège dont les photos ornaient la plupart des syndicats d’initiative du pays…
Je continuais mon trajet sur plusieurs centaines de kilomètres de routes éloignée de presque toute civilisation à l’exception de l’occasionnel station à l’essence hors de prix ou la maison isolée en bordure de lac. De longues routes peu fréquentées au milieu des pins, sapins et autres montagnes. Une expérience particulière qui m’a laissé beaucoup de temps pour réfléchir…
J’avais sur mon chemin un autre point d’intérêt dont j’ignorais la nature, je faisais donc un détour sans trop savoir à quoi m’attendre, n’ayant jamais été déçu, bien au contraire…
Et l’air de rien, au fil des jours, des milliers de kilomètres, quelque chose commençait à changer…
Rien que pour ce que j’ai pu voir et ressentir sur le plateau où j’ai franchi le cercle arctique, je retournerai en Norvège, et j’y passerai plusieurs jours. C’était incroyable. Le décor, lunaire, la brume, à mi-chemin entre brouillard et nuages, les couleurs, mélangées en des teintes complexes et indécises, tout était irréel. L’absence de nuit était irréel.
Pour l’expérience et pour éviter une dizaine d’heures de route, j’empruntais le ferry de Bodo à Lofoten, une sorte de version améliorée et beaucoup plus grande des bateaux que j’avais emprunté jusqu’à maintenant. La traversée de plusieurs heures me laissa le temps de profiter de l’air marin, traiter des photos et m’amuser sur le pont…
J’arrivais en début de soirée dans l’archipel et me dirigeais vers le village de Å sous une brume donnant au paysage un aspect très lovecraftien.
C’était ma première vraie nuit polaire et, combinée à ma faible envie de dormir, je me promenais dans la baie pendant des heures allant jusqu’à faire un détour sur une plage, porté par un état étrange et toutes sortes de questions amplifiées par l’aspect saisissant de l’environnement.
Grâce à mon installation qui avait déjà prouvé son efficacité pour occulter les rayons du soleil, je passais une bonne « nuit » et me réveillais face à un ciel plus dégagé, à mon grand plaisir…
J’entamais alors la remontée de l’archipel sous une météo plutôt clémente découvrant des couleurs et des paysages sans cesse renouvelés…
Même si la couverture nuageuse ne me permettait pas de le constater, j’étais arrivé à observer le soleil de minuit avant la fin. Le 26 était le dernier jour polaire de l’année (24 heures de soleil) dans cette région et j’avais pu en profiter.
Je profitais de la lumière ambiante pour continuer ma route vers le dernier point d’intérêt connu de ma carte non sans avant prendre un bain de mer sous une température étonnamment clémente pour le cercle arctique à 2h du matin : 20°…
Je retournais enfin à ma voiture où je m’installais pour la nuit.
Voilà, c’est tout pour cet article, j’espère que vous allez bien et que le contenu vous a plu.
Je suis parti depuis presque deux semaines et j’ai l’impression que le temps file à une vitesse effroyable. Il y a tant de choses que je ressens et que je suis en train de vivre qu’il est impossible de les retranscrire ou les partager complètement dans un article. C’est quelque chose qu’il faut vivre.
J’approche des 5000 kilomètres parcourus et ils ont filé comme le temps qui a passé. Les distances me semblent plus courtes, les lieux plus proches. Je sais que je recommencerai d’autres voyages du même type en d’autres lieux, plus tard. Pour le moment, je continue celui-ci.
Je vais maintenant me diriger vers le point le plus au nord de la Norvège et j’entamerai ensuite une descente de la Suède qui sera elle plus orientée sur les villes.
Enfin, je pense…