Hors de l’union européenne…

Hors de l’union européenne…

1 août 2019 Non Par Jérémie

Bonjour à toutes et à tous ! Avant d’entrer dans le sujet du jour, je voudrais revenir sur une quête de tous les instants : photographier la voie lactée. J’espérais cette fois-ci, sans lune, loin de toute pollution lumineuse, dans ce que je pensais être le noir complet enfin parvenir à obtenir l’image souhaitée. Hélas, j’avais négligé que le soleil n’était pas si bas que je le pensais et obtenais un halo orangé m’empêchant d’obtenir plus de détails sur les étoiles.

Cependant, tout n’était pas perdu car il n’y avait pas un seul nuage et le ciel était relativement clair. J’ai donc tout de même réussi à prendre un cliché correct, mais… Ma quête continue !

Trop de soleil… Autrement, la voie lactée me fascinera toujours autant !

J’ai beaucoup roulé depuis hier. Le temps que je m’étais fixé était clairement insuffisant et il ne me reste plus que quelques jours avant de devoir rentrer pour boucler mon déménagement, régler mes affaires et commencer à préparer la suite. Une fois tous ces éléments réglés, je reprendrai la route pour faire le reste de mon voyage. Là, je vais tranquillement revenir sur mes pas en visitant quelques villes sur le chemin. Je devrais être de retour vers mardi, trois semaines après mon départ.

J’ai vu une personne hilare se faire enlever… Ils semblaient tous bien s’amuser…

C’est d’ailleurs l’heure d’un premier bilan. Seul pendant des heures sur des routes moins spectaculaires que celles de la norvège laisse du temps pour réfléchir et hier plusieurs de mes questions les plus prégnantes ont enfin trouvé des réponses. Cependant, à l’instar des interrogations philosophiques, elles ouvrent tout autant de nouvelles questions, de réflexions sur ce qui doit être suivi par des actions, ou non.

D’un point de vue plus terre à terre, vivre trois semaines dans une voiture n’est pas si compliqué que ça, au contraire. Le plus surprenant, c’est la facilité avec laquelle j’ai pu dormir, peu importe la température ou les conditions extérieures. Je pense que les discussions que j’ai pu avoir avec un ami travaillant sur un projet similaire m’ont aidé à encore mieux prévoir mon installation.

Au niveau de la nourriture, c’est assez impressionnant la variété qu’on peut avoir avec des boîtes de conserves, pâtes, sauces et autres choses facilement conservable du moment qu’on dispose d’un réchaud. Je n’ai pas souffert de la faim, rassurez-vous ! Au niveau de l’eau potable, ce sont dans les 36-40 litres sur réservoir que j’aurais consommé en 3 semaines, en grande partie grâce à une météo plutôt clémente au niveau de la chaleur et à la possibilité d’utiliser les réseaux d’eau potable des pays scandinaves.

Au niveau des endroits pour dormir, de ce côté, aucun problème. Je n’ai jamais été dérangé ni limité par mon type de véhicule. J’ai par exemple dormi en plein Copenhague cette nuit sans aucun soucis. D’ailleurs, au fil des jours, j’optimisais mon organisation pour la pose des volets et mon déplacement dans la voiture. Je pense que je pourrais continuer indéfiniment d’utiliser mon véhicule comme résidence, sous réserve d’un accès à de l’électricité plus facilement.

Ce qui m’amène d’ailleurs sur ma démarche de « décroissance », la seule chose qui m’a réellement manqué, c’est un bon ordinateur, pour pouvoir travailler, traiter mes photos et jouer. Et encore, c’était un manque hypothétique vu que je n’ai pas eu le temps de m’ennuyer… Spotify suffisait à m’occuper sur la route et en dehors. Au pire, il y avait Netflix. Pour ce qui est du téléphone, mon forfait 100Go de data par mois est correctement dimensionné pour l’usage que j’en fait. Il était possible pour moi de traîner sur Internet, sauver mes photos et éditer le blog sans trop m’inquiéter. J’ai eu une très bonne qualité de signal pendant tout mon périple.

Si je devais améliorer ou changer des choses ? Je retirerait les dossiers des sièges arrière et construirait une armoire exploitant l’espace libérée et en profiterait pour étendre la longueur de ma couchette ! Pour ce qui est de l’état de mes constructions et coutures après trois semaines d’usage intensif, je suis agréablement surpris de voir que tout a parfaitement tenu, en particulier les tissus ! Car si je sentais à l’époque de la construction que les tiroirs étaient une solution à beaucoup de problèmes, l’usage m’a montré que j’aurais dû aller encore plus dans cette direction : c’est la meilleure façon de profiter de l’espace.

Au niveau des vêtements, j’ai fait de bons choix, tant pour la quantité que sur la diversité. Si je n’ai pas eu besoin de sortir la doudoune, le bonnet et le snood ont été d’une grande utilité sur les sommets avec le vent qui y régnait. J’ai aussi pu apprécier une fois de plus la qualité des vêtements conçus par Décathlon, en particulier les pantalons de randonnée et les T-Shirts à manches longue, parfaits pour une grande variété de conditions météorologiques !

Au niveau de l’essence plus de 8000 kilomètres, ça fait beaucoup. Avec une consommation moyenne aux alentours de 4-5 litres par centaine de kilomètres, je pense avoir dépensé, vu les prix élevés de l’essence dans les pays scandinaves, dans les 512-640 euros. N’ayant pas traîné sur les autoroutes de France gangrénées par les péages, je vais m’en sortir de ce côté dans les 200 euros, mes plus grosses dépenses ayant été le franchissement aller et retour des ponts du Danemark et de Suède pour environ 180 euros (Des ponts très impressionnants de plusieurs kilomètres, justifié). Ce qui vous amènera à une conclusion intéressante : les péages sont prohibitifs en France si on regarde que j’ai fait plusieurs milliers de kilomètres pour moins de 20 euros en Europe…

Si l’essence était une dépense inévitable, j’ai en revanche énormément économisé en nuits d’hôtel. Si on table sur une nuit à 40 euros, en étant très, très optimiste, l’essence et les péages sont remboursés. Et je ne suis pas certain qu’il soit facile de trouver des nuits à 40 euros dans les endroits où je suis passé. Enfin, si en auberge de jeunesse, mais encore faut-il qu’il y ait de la place…

Au niveau du coût de la vie dans la voiture, je ne dois pas être à plus de 150 euros pour renouveler les stocks et les occasionnels restaurants. J’ai acheté une couverture chez Ikea car la mienne était trop petite à l’usage et un rouleau de duct tape pour attacher plus solidement un magnet. Utiliser l’alternateur de la voiture ne m’a coûté que quelques kilomètres d’autonomie et je pense être vraiment gagnant au niveau temps/paysages/prix.

J’ai aussi découvert au détour d’une conversation aujourd’hui que des amis tenaient un carnet de leurs dépenses pour leurs aventures, je vais en faire de même à partir de maintenant, toujours dans le but de mettre un maximum de côté en prévision du prochain road trip !

Je remercie aussi les personnes qui m’ont incité à apprendre à me couper les cheveux par moi-même, j’en suis à ma troisième coupe et c’est une compétence d’une valeur inestimable (Enfin, si 30 euros tous les mois) ! Mon seul regret est de ne pas avoir osé plus tôt…

Et justement, pour ce qui est d’oser, merci à toutes les personnes qui m’incitent à essayer, à découvrir des choses et à surmonter les verrous qui me bloquent. Je ne peux qu’être impressionné par le chemin parcouru depuis que je vous ai rencontré ! Premières sorties, premiers voyages en solitaire, des tas de découvertes et la promesse d’encore beaucoup de choses à partager aussi !

Sur la jetée, le pont reliant la Suède au Danemark, des éoliennes off-shore gigantesques.

Après ce petit bilan, venons-en à l’histoire du jour : Christiana, Freetown. Ce quartier ayant fait sécession est devenu une ville dans la ville, un endroit hors d’UE dans l’UE. Un ami m’avait recommandé sa visite et autant vous le dire, j’ai été assez impressionné, pour de nombreuses raisons.

J’ai bien aimé l’aspect « chemin de traverse » de l’entrée, enfin, une des nombreuses entrées…

Avant de commencer la visite, quelques mots. La vente de cannabis est illégale à Copenhague, hors, il existe un quartier entier de la ville dédié à son commerce là-bas. Pour des raisons assez évidentes, les photos sont donc interdites, ce qui explique l’absence de clichés très intéressants et l’usage du téléphone. J’espère cependant réussir à vous retranscrire l’endroit autrement, par l’écriture.

Tous les clichés ont été pris à l’extérieur ou dans des endroits déserts, afin de respecter les consignes des lieux.

Porte vers l’inconnu
Réappropriation d’une caserne
Je ne sais pas si la nature entourait les lieux ou si les lieux laissaient la nature les entourer…
Le destin d’un véhicule qui reste trop longtemps là-bas…

Ce qui frappe en arrivant à Christiania, c’est la propreté des lieux pour un endroit aussi fréquenté et autogéré. Il y avait toujours des personnes à pied d’oeuvre pour nettoyer lorsque j’ai eu l’occasion de déambuler dans les rues et ruelles.

Lapin
Ah, oui, et le moindre objet était une cible à autocollants !

Ensuite, ce sont les couleurs : le moindre mur est le prétexte à l’expression artistique des un-e-s et des autres. Graffs, freques, peintures ésotériques, messages à la tolérance ou à la gloire des drogues douces, pas un endroit n’était décoré ! Et pas de restrictions sur les gammes ! Toutes les couleurs se mêlaient dans un joyeux ballet !

Porte argentée

Je sais que j’ai souvent tendance à faire des parallèles avec les univers des jeux dans lesquels je me suis plongé des jours entiers, mais un des enjeux de Fallout 4 est de reconstruire un semblant de civilisation dans un univers dévasté par une guerre nucléaire. Par bien des aspects, l’ingéniosité, l’exploitation des resources et la créativité des habitants m’ont fait penser à ce que j’avais pu entreprendre dans le jeu.

Drakkar

C’était par ailleurs fascinant, des ateliers de menuiserie, des personnes tenant des commerces, nombreux, variés. De l’artisanat, toute la ville était axée sur a création et l’expression. Et le commerce du cannabis, mais j’y reviendrai plus loin.

Little lamplight, Fallout 3
Or a raider camp, that’s up to you !
La moindre palissade était couverte d’affiches

La ville était fréquentée par une population extrêmement hétérogène, jeunes, vieux, enfants, locaux, touristes, tout le monde semblait pouvoir se retrouver en ce lieu. Il régnait par ailleurs une ambiance à mi-chemin entre le pays de cocagne et la cour des miracles.

Une appropriation des lieux

Longues succession de lampions colorés petits étals tenus par autant de commerçants vantant leur marchandise, nombreux clients et curieux arpentant les rues, ici, le fait que les produits locaux, ou pas étaient sur cette place essentiellement des dérivés de cannabis était complètement naturel. Et dans le fond, n’était-ce pas préférable à la chape de secret et de plomb qu’on peut voir par ailleurs et qui recouvre ce qui constitue alors toutes sortes de trafics ?

Une autre sortie/entrée
Je suppose qu’il y a eu quelque chose au creux de cette main…

Il flottait également dans l’air une odeur de gazon fraîchement coupé, cette odeur si particulière qui flotte parfois dans les gares, squares et autres lieux où les personnes se rassemblent. Je ne pouvais m’empêcher d’esquisser un sourire en songeant au décalage entre l’aspect festif et le fait que hors des murs, tout ce spectacle était rigoureusement illégal…

Restaurant concert, manque de chance, les concerts ont lieu le dimanche…

J’aurais bien aimé voir de nuit le marché, les lampions devaient donner des allures de carnaval à ce qui semblait déjà sorti de l’imagination d’enfants. Car si un point commun reliait un peu toutes les zones de la ville, c’était bien ça, cette sensation de pouvoir tomber n’importe quand face à Peter Pan ou autres enfants perdus.

C’était possible de rejoindre l’UE par là…

Extensions, terrasses, balcons, annexes, certains étaient affairés à construire et à améliorer leurs espaces, nichés entre les anciens bâtiments et casernes militaires, depuis reconvertis en d’improbables théâtres, ateliers et habitations.

… Et de la quitter par ici…

Après, je n’ai pas passé assez de temps dans la ville pour la saisir, il faudrait y séjourner, discuter, manger pour mieux la découvrir. Tout n’est pas parfait, en dépit de la lutte contre les drogues dures, si on s’écarte des axes principaux, on trouve des étuis à seringues, des vêtements et autres lits de fortune abandonnés, autant de signes qu’il est possible de vivre à la marge, même dans une société se plaçant déjà hors des conventions.

Encore plus d’affiches !

Mais globalement et même de très loin, c’était l’accomplissement de cette petite communauté qui dominait.

Vers la sortie

J’avais ensuite la présence d’esprit de vérifier où se trouvait la statue de la petite Sirène, que je pensais être dans une autre ville. Une fois mes connaissances à jour, je partais vers le port pour prendre une photo que peu de personnes ne pensaient à prendre : la petite sirène sur son rocher.

Un hydravion ! La combinaison d’un avion et d’un bateau ! Mais c’est génial !
Une frégate ?
Je suis vraiment heureux de pouvoir vous présenter ce cliché UNIQUE !
Unique…

Bref…

Bye bye !